Moshe Feldenkrais, un scientifique de l’apprentissage du mouvement humain, un pédagogue de la prise de conscience, un précurseur de la recherche sur la conscience (awareness) et l’incorporation (embodiment).
Pour comprendre le fonctionnement humain, Moshe Feldenkrais (1904-1984) avait de nombreux atouts.
Un scientifique : ingénieur en génie mécanique et en électricité, Docteur ès sciences en physique (il travaillait dans le laboratoire des Joliot-Curie).
Un sportif engagé: 1ère ceinture noire de judo en France, il fonda le 1er judo Club de France.
C’est en développant sa capacité à sentir son propre corps qu’il trouva les moyens de récupérer l’usage de son genou gravement blessé et insoignable à l’époque.
En alliant ses savoirs, sa curiosité scientifique et son génie, il travailla toute sa vie à développer et partager le fruit de ses explorations et recherches. Il créa une méthode, fusion originale entre pensée scientifique :
biomécanique, neurophysiologie, développement moteur, psychologie et pensée et pratique orientale. C’est dans la dernière partie de sa vie après avoir eu des centaines de personnes entre ses mains qu’il anima plusieurs formations professionnelles (de 1969 à 1981).
Visionnaire, il crée une pédagogie concrète de l’apprentissage, une méthode rigoureuse que les dernières recherches en neurosciences et en sciences cognitives valident.
Moshe Feldenkrais avait compris que pour changer les habitudes fonctionnelles, il est indispensable d’aller vers le « capitaine de vaisseau » comme il appelle le système nerveux, et de rétablir des connections entre le cortex moteur et la musculature qui sont court-circuités par des habitudes figées et limitantes, des appréciations bloquantes, des tensions inutiles, du stress et des influences environnementales perturbantes.
Le bébé dans son apprentissage de la vie, par son mouvement continuel, par l’enchainement et la répétition de l’action et de la perception, en lien avec son environnement affectif et spatial stimule son système nerveux. C’est sur ce modèle que sont construites les séances de Feldenkrais.
Chaque partie du corps est vécue en relation avec les autres. Se mettre ou se remettre en mouvement dans cette unité fonctionnelle offre des moyens pour faire surgir un potentiel insoupçonné.
Pas de recette ni de solution imposée (bonne ou mauvaise façon de faire), pas de modèle à imiter, pas de performance à atteindre.
Apprendre de ses explorations, sans modèle préétabli et sans enjeu de réussite.
Passer de l’exercice à l’expérience et se laisser transformer par l’expérience.
Accéder à une intégration dans un cadre sécurisant par un apprentissage organique généré par soi-même.
Vivre l’écologie du mouvement par une respiration fluide et un plaisir de bouger.
Cette approche de l’être humain aide à aborder la douleur, les difficultés neurologiques et orthopédiques. Elle améliore la posture, la flexibilité, la coordination, l’image de soi, soulage les tensions musculaires et les douleurs.
Cette pratique stimule au fur et à mesure la capacité du système nerveux à s’organiser pour agir, à évoluer et à se remanier.
Les séances s’organisent autour de « processus » de mouvement, comme par exemple : se tourner, se pencher, tirer, pousser, se lever ou bien encore marcher... Ces mouvements, base de la plupart de nos activités quotidiennes ont plus de sens pour notre système nerveux que tout autre type de mouvement.
Ou bien encore comment être assis sur une chaise sans se tasser, comment se lever du sol à debout sans effort, comment tourner la tête pour regarder facilement de chaque côté, comment marcher sans fatigue, comment rendre la respiration adaptée à nos besoins, comment lever les bras avec aisance, comment le dos peut être long et mobile à chaque étage vertébral, comment le bassin peut remplir son rôle de centre de force.
Nous abordons autant de thèmes que de « fonctions ».